Mexico TI : en vrac


J’espère que vous ne m’en voulez pas trop pour mon silence. Il se trouve que je suis en panne d’inspiration!!!  Il faut dire que ce blogue n’a jamais été destiné à écrire la platitude de notre vie quotidienne dans le genre :

« Nous nous sommes levés à 7h00 ce matin, j’ai mangé deux toasts, préparé les boîtes à lunch des enfants… »

L’intérêt de l’expérience que représentait le blogue était de vous informer d’une seule voix sur des anecdotes, des aventures ou autres nouvelles dignes d’intérêt. En plus, c’était un prétexte pour vous parler de ce beau pays et de ce qu’il a à offrir.

Ainsi donc, vous pensez sans doute que ces derniers temps furent plutôt ennuyeux. Heureusement, il n’en est rien, car ma panne d’inspiration était davantage due à une indolence tenace plutôt qu’au manque de matière première.  Voici donc en vrac les derniers évènements dignes d’intérêt maintenant que j’ai retrouvé un peu ma verve.

Le retour de Carlos

On se serait cru à Noël. Carlos ramenait dans ses valises livres, revues, sacs de couchage (pour le camp de vacances de cette semaine des enfants), etc.  Il est parti avec une petite valise et est revenu avec une grande. J’ai évidemment commencé à me questionner sur comment diable va-t-on faire pour ramener tout ça cet été. Il est à peu près certain que nous allons sacrifier une partie de tout ça avant notre départ.

La maladie de Luna

Durant l’absence de Carlos, Luna a commencé à marcher la queue basse. Comme elle demeurait très active, enjouée (voire insupportable par moment) et qu’elle mangeait bien, nous avons mis ça sur le compte de la maturité, car il est certes plus digne de se promener la queue basse que de découvrir son postérieur de façon insolente.

Cependant, après plusieurs jours, nous avons eu des doutes et comme un chien ne se plaint jamais, ça n’est qu’une fois chez le vétérinaire que nous avons appris qu’elle faisait beaucoup de température.  Essayez d’imaginer combien je pouvais me sentir ridicule au départ d’amener un chien chez le « vet » parce qu’elle se promène la queue en bas!!!

Bref, après quelques antibiotiques, elle s’est très bien remise quoi que nous n’ayons jamais réellement su ce que c’était. On la voyait guérir graduellement en évaluant la hauteur de sa queue qu’elle porte à nouveau bien haut… et bien indécemment.

La fête des mères

Le spectacle de la fête des mères

Le spectacle de la fête des mères

Au Mexique, la fête des mères n’est pas le xième dimanche de mai mais bien un jour fixe : le 10 mai.  L’école avait organisé pour l’occasion un spectacle présenté dans le Teatro de Minas où les enfants allaient nous dévoiler leur talent de danseurs selon des thèmes variés.  Évidemment, qui dit spectacle, dit costume et les costumes en question, c’était notre problème.

Isabelle devait porter une jupe mexicaine traditionnelle de couleur blanche, des sandales traditionnelles, une chemise traditionnelle et brodée, un foulard dans les cheveux et des tresses.

Philippe devait porter un short beige, une camisole blanche en coton, une tuque péruvienne en lainage et une ceinture tissée traditionnelle. Les deux derniers items devaient être dans les teintes de rouge.

Comme il fait plus de 30 degrés à l’ombre depuis le début du mois de mai, je me demandais bien comment j’allais trouver une tuque en laine à Philou. Finalement, j’ai réussi… et avec du rouge en plus.  Idem pour la ceinture et la camisole.

Pour Isabelle, la grande difficulté se trouvait au niveau des sandales. Mademoiselle n’aimait pas celles que nous trouvions à sa grandeur mais encore là, nous avons finalement déniché ce qu’il fallait. Pour la jupe, jamais nous n’avons pu mettre la main sur une jupe selon les critères demandés à sa taille. Elle a fini par emprunter une jupe à sa grand-mère.

Évidemment, toutes ces recherches se sont faites la broue dans le toupet durant l’absence de Carlos et surtout avec la crainte de se présenter le jour « J » avec des atours entièrement différents des autres enfants.

Finalement, le spectacle a eu lieu sans encombre.

Le système planétaire d’Isabelle

Un beau mardi après-midi, au retour de l’école, Isabelle était très maussade. Une fois le repas terminé, elle s’est enfermée dans sa chambre sans dire un mot. J’ai donc commencé les devoirs avec Philippe. Soudain, au cours de l’après-midi, elle glisse un papier sous sa porte de chambre pour nous informer de la situation : le prof avait demandé de construire un système solaire 3D pour le lendemain!!!

J’ai failli me fâcher… non, je me suis fâchée. Quel idiot de prof pourrait bien demander une telle chose à quelques heures d’avis. Isabelle ajouta qu’on pouvait remettre le tout pour la fin de la semaine mais alors, il n’y aurait pas de point pour le travail.

En désespoir de cause, je confie Philippe à sa grand-mère en fin d’après-midi et je pars avec Isabelle en ville pour trouver des sphères en styrofoam pour représenter les planètes et tout le tralala qui va avec pour tenter de produire une maquette pas trop décevante.

Après plus d’une heure à chercher tout ça, nous revenons à la maison pour nous lancer dans l’aventure.  Entre-temps, Carlos revient de son voyage au Canada donc, la production ralentit l’espace de quelques heures d’excitation intense à la découverte des nombreux cadeaux.  Toujours est-il qu’elle ira à l’école le lendemain avec sa création.

La fleur

La veille du spectacle pour la fête des mères, Isabelle reçoit à nouveau une commande inusitée de la part de son prof. Elle doit ramener à l’école pour le lendemain un ruban de 4 cm de large et d’une longueur d’un mètre de la couleur de son choix et un gougeon en bois.  Encore une histoire de dernière minute. Je commence à avoir son prof dans le collimateur!

C’est ainsi que nous filons en ville dès les devoirs terminés. Pour le ruban, ça se passe assez bien et nous le trouvons facilement.

Pour le morceau de bois, c’est une autre histoire. La dame de la mercerie nous indique un magasin (La Costeña) quelque part à droite au fond de la rue en face de Coppel.

Comme nous ne trouvons pas, nous demandons à un jeune homme qui travaille dans une quincaillerie qui lui, nous indique le même magasin mais à gauche sur une autre rue. C’est en suivant ces indications moins évasives que les premières que nous aboutissons devant un magasin Coppel mais aucune boutique Costeña en vue.

Nous demandons de nouvelles indications et on apprend que Coppel existe également sur une autre rue. Nous repartons donc en sens inverse.

Après avoir cherché pendant encore un bon moment, nous redemandons à une petite vendeuse désabusée d’une boutique de vêtement. Elle nous dit d’aller au bout de la rue et de regarder à gauche en face de Coppel.

Nous verrons finalement le fameux Coppel mais l’orientation de la bâtisse fait qu’il est impossible d’avoir un magasin en face. Nous regardons donc à gauche et à droite pour découvrir une enseigne très discrète annonçant La Costeña. Mais, le magasin est fermé.  Finalement, Isabelle devra emprunter un bout de bois à un collègue de classe qui aura eu plus de chance que nous.  De tout ça, sortira une fleur joliment torsadée.

La bouteille d’eau

Garrafon 20L de Bonafont

Garrafon 20L de Bonafont

Ici, l’eau potable i.e. propre à la consommation, doit être achetée. Il y a de nombreux formats mais pour la maison, le plus économique, c’est le « garrafon » de 20 litres.  Avant de partir au Canada, Carlos en avait acheté deux pour que nous ne soyons pas pris au dépourvu mais avant son retour, il a tout de même fallu refaire nos réserves. Habituellement, des vendeurs passent en criant « Bonafonnnnnnnt » (pour la marque d’eau Bonafont) mais depuis notre déménagement, on ne les entend plus. Je dois donc me résigner à aller acheter un « garrafon » en ville.

Je finis par aller dans un dépanneur (abarrotes) où il reste une seule bouteille de la marque Bonafont. Comme les bouteilles sont consignées, la marque est importante. J’échange donc mon vieux contenant contre une bouteille neuve et débourse la différence.

Au moment de prendre possession de mon bien, je réalise que la bouteille est placée assez haut dans un rack… et que le jeune homme à la caisse ne semble pas disposé à m’aider. Je saisis donc la bouteille de 20 litres avec toute la dignité et l’orgueil dont je dispose et je l’extrais péniblement du rack. Je la dépose un instant pour reprendre mon souffle avant de la mettre sous les yeux amusés du jeune paresseux dans ma voiture. C’est avec un petit regard de défi et de fierté que je ferme la valise et monte dans la voiture.

Seulement… mes efforts n’étaient pas terminés car, c’est chargée de la bouteille que j’ai dû monter les 30 et quelques marches qui menaient à mon logement. Quelle histoire!

Mexico TI : El Orito


El Orito est un parc écologique situé tout près de chez Mme Tremblay. On y accède en peu de temps via les nombreux sentiers dans la montagne. Orito vient du mot « oro », or. L’endroit mérite bien son nom et pourtant…

Je marche dans le lit d’une rivière desséchée avec mes deux petites amies (Luna et Arena). Lorsqu’il y avait de l’eau, ce petit cours d’eau devait faire environ 10 pieds de large par endroit. Quant à son débit, il étant sans doute modeste mais assez régulier, car les pierres qui en tapissent le fond sont lisses et on voit nettement les traces d’usure dans tout ce qui les entoure.

Tout en marchant, j’arrive à un mur d’environ 8 pieds de haut en vieilles pierres rosées comme on en voit beaucoup par ici. Le mortier n’est pas récent et, bien que je ne sois pas experte, je suppose que l’ouvrage a été fait vers la même époque que les ruines de la mine adjacente. Je décide de contourner l’obstacle pour satisfaire ma curiosité. Jusqu’où pourrai-je aller ainsi. Reste-t-il un filet d’eau un peu plus haut mais trop faible pour se rendre jusqu’ici?

Les chiots de rechigent pas. Elles me suivent toutes les deux sans discuter. Avec leurs petites pattes, elles grimpent avec agilité sur les grosses pierres grises. Elles contournent allègrement la végétation qui s’installe tranquillement. Je ne peux m’empêcher de penser que tous ces petits arbres rabougris et jaunâtre auraient beaucoup moins de mal à pousser si la rivière remplissait son office. Que tout cela est triste!

Alors que je m’arrête un instant, je constate que malgré la tranquillité des lieux, on entend une sorte de bourdonnement au loin. Comme un nid d’abeilles. Mais de bruit d’eau, rien. En fermant les yeux, je peux imaginer pourtant la petite rivière qui danse d’une pierre à l’autre vers son but lointain. Le seul bruit de l’eau qui coule suffirait sans doute à humidifier les lieux. Ici, tout est tellement sec que même l’air ambiant a soif. La moindre molécule d’eau est immédiatement absorbée.

Ma marche m’amène à un premier embranchement sur la droite. Un ruisseau plus petit devait joindre la rivière à un certain moment. Un peu plus haut, c’est à gauche qu’un autre bras se dessine avec une éventuelle cascade au fond. Puis, à droite à nouveau mais cette fois, le ruisseau était plus large. Pas moins de trois petits cours d’eau donc se jetaient dans la rivière pour rejoindre le bas de la montagne. Où sont-ils aujourd’hui?

Les chiots ont la langue pendante. Faudrait pas abuser de leur fidélité quand même alors je décide de rebrousser chemin et de tenter ma chance plus haut. Bientôt je retrouve la route et je longe un mur de pierre de près de deux pieds d’épaisseur. Il n’y a pas à dire, à l’époque, on construisait solide. Pas étonnant que ça soit encore debout malgré le mortier effrité.

Le chemin redescend de l’autre côté d’une butte et je tombe sur une deuxième rivière asséchée. Celle-ci est plus profonde que la première mais les mêmes roches grises en tapissent le fond. On devine facilement que le sol plus meuble à cet endroit a permis à l’eau de creuser son chemin plus facilement. La pente est plus raide ici et comme je m’engage dans le passage pour y retrouver la source, je suis rapidement arrêtée par un autre mur de pierre mais plus imposant cette fois. Je rebrousse donc chemin et retrouve la route.

Toujours en gardant les yeux vers le cours sinueux de l’ancienne rivière, j’arrive à un embranchement avec une autre route qui passe directement par-dessus la rivière. Un haut tunnel de pierre laisse passer l’eau imaginaire de l’autre côté. Il faut que je vois ça de plus près.

L’ouvrage d’environ 30 pieds de long n’est pas récent non plus et sa hauteur qui m’apparaissait un peu extravagante au début s’avère finalement plutôt réaliste. Pendant un certain temps, l’eau a dû atteindre les deux tiers de la hauteur du tunnel. Elle a marqué son passage en laissant un cerne orange-rouille sur les flancs.

Je suis à nouveau le cours d’eau pour me rendre compte qu’il rejoint finalement le premier un peu plus bas. On voit un peu plus loin quelques malheureuses flaques d’eau glauque.

Sans eau, pas de vie. L’eau est un sujet traité avec gravité au Mexique et pour cause. Le manque d’eau chronique est de plus en plus marqué au fil des ans. Est-ce parce que la population augmente? Est-ce plutôt un cause climatique? Est-ce un simple problème de consommation? L’eau revient-elle par moment dans le lit des rivières à sec del Orito?