Mexico TI : la stérilisation


Ça fait un peu plus d’une semaine que j’ai les reins sur le long comme on dit. L’autre semaine, je faisais du ménage et lorsque j’ai eu terminé, je sentais que la douleur s’en venait.  Après le repas, j’étais « out » et j’ai dû aller me coucher un peu avec des Advil pour pouvoir me déplacer sans trop de problème. Il faut dire que tant qu’on bouge, ça va, car on est « réchauffé » mais dès que je m’assoie, c’est l’enfer dès que je me lève de ma chaise.

Après quelques jours à prendre des Advil, ça s’est arrangé bien que je sentais encore tout cela bien fragile. Disons que je fais plus attention à ce que je fais dans ces cas-là. Et, pour quelqu’un d’actif comme moi, ça n’est pas peu dire.  Mon père doit certainement se reconnaître là-dedans. Finalement, en faisant encore du ménage aujourd’hui, ça a recommencé de plus belle. &*%$/ » (traduction : maudite marde!)

Bon, en fait, curieusement, ça tombait assez bien, car mercredi, alors que les enfants étaient en route pour le campamento (vacance pendant deux jours et demi dans la sierra Alvarez loin des parents), nous avons amené les chiens pour se faire stériliser. Nos deux petites demoiselles se sont donc retrouvées chez le vétérinaire à 10h30 le matin où, tristement, je les ai laissées entre les mains du « boucher ».

Ne me chicanez pas en disant qu’elles étaient trop jeunes et tous les autres « pourquoi » scandalisés. J’ai fait des tonnes de recherche sur internet avant de passer à l’acte. Il se trouve que plus les demoiselles sont jeunes, plus facile elles se remettent de l’opération. De plus, les petites races arrivent à la puberté plus rapidement que les grandes. Ainsi, comme elles sont un peu fo-folles et qu’on ne voulait pas se ramasser avec d’autres petites bêtes remuantes éventuellement, l’heure était venue.

L’opération consiste à retirer les ovaires, les trompes et une petite partie de l’utérus.  On parle d’une incision de quelques centimètres fait sous anesthésie générale bien entendu.  Au réveil, les demoiselles demeurent plusieurs heures sous observations et on passe les chercher en soirée le jour même.

D’ailleurs, lorsque nous les avons récupérées, elles étaient encore un peu groggy. Elles avaient les oreilles basses, les yeux tristes. J’étais contente de les ramener à la maison. Inutile de dire qu’elles ont été bien sages ce soir-là.

Comme elles ne devaient pas jouer avec leurs points de suture, je les ai fais dormir à côté de ma place (par terre) dans ma chambre. Mais dormir était un bien grand mot, car toute la soirée, elles gémissaient pitoyablement et comme elles avaient sans doute beaucoup dormi durant la journée, elles ne s’endormaient plus du tout.

J’ai donc passé la nuit à me lever et à les surveiller pour m’assurer que tout était OK. Le lendemain matin, les yeux pochés, je leurs ai données leur antibiotique pour éviter les infections et je suis partie l’esprit brumeux à mon cours d’espagnol.

À mon retour, ce sont deux petites demoiselles pleines d’entrain que j’ai retrouvées. En fait, s’il n’y avait pas eu ces deux cicatrices sur leur bedon, jamais on aurait cru qu’elles avaient été opérées la veille.  Les courraient dans tous les sens, se chicanaient comme d’habitude, mangeaient avec voracité et toutes les deux continuer à sauter sans cesse sur le divan (malgré l’interdit qui pèse pour ce genre de chose). Bref, je suis contente que ça soit fait et que ça se passe aussi bien. Ouf!

Évidemment, (voici le lien avec mon mal de dos), je ne fais pas exprès pour partir en ballade avec elles pendant des heures.  Je me limite à marcher aux alentours mais je dois dire que c’est plus pour moi que pour elles.

Mexico TI : Luna et Arena


Jeudi le 23 février ne s’est pas terminé comme les autres jours. Il restera gravé dans nos mémoires et par-dessus tout, dans celle des enfants.

Carlos était allé courir comme il le fait habituellement en fin d’après-midi. À son retour, alors que nous nous croisions, il me dit qu’il a vu une vache morte au milieu de la route de terre où il courait. Il ajoute qu’un peu plus loin, il a aperçu deux chiots perchés sur un rocher dans la montagne. Sur le chemin du retour, les chiots sont toujours là et il remarque alors qu’un troisième chien, adulte, est couché près d’eux.  Il décide d’aller voir de plus près et grimpe les quelques mètres qui le séparent des chiots.

Le troisième chien, probablement la mère, est morte. Elle a dû tomber de haut. Les chiots sont tous petits et amicaux.  Il les redescend donc avec lui et continue sa course alors que ses deux nouveaux amis le suivent tant bien que mal sur leurs petites pattes.

En cours de route, il rencontre un groupe de jeunes gens avec quatre chiens. Il leur demande s’ils peuvent s’occuper des chiots et ceux-ci semblent accepter. Carlos repart donc la conscience en paix.

Pour qu’il prenne la peine de me raconter tout ça, il doit certainement y avoir un malaise donc lorsqu’il me raconte son aventure, je lui dis aussitôt :

– Quoi? Tu as laissé les chiots tout seul?

– Ben, non, les jeunes vont s’en occuper.

– Vraiment?!!!  Tu penses ça? Combien tu gages que ça n’est pas le cas?

Pris de remord, il me propose de retourner sur place pour en avoir le cœur net. Le temps de confier les enfants à grand-maman et nous voilà parti.  Une fois sur place, les chiots sont de retour sur la corniche où se trouve leur mère morte. Ils sont tous petits. Carlos me regarde, incertain.

– Qu’est-ce qu’on fait?

– Comment qu’est-ce qu’on fait! On va les chercher quelle question! On ne va quand même pas les laisser mourir là.

Refusant que je monte (sous prétexte que c’est dangereux etc.), Carlos remonte là-haut une deuxième fois et ramène les deux chiots que j’enveloppe dans mon manteau. Je sais qu’ils sont pleins de puce mais il commence à faire froid et les deux tremblent dans mes bras.

De retour à la maison, Isabelle et Philippe tombent évidemment sous le charme de ces deux pauvres créatures. Leur histoire est triste. Ils n’ont plus de maman. Ils sont maigres et déshydratés. Leur pelage est clairsemé. Ne sachant pas quel âge ils ont, nous leur donnons un bol de lait… ils en boiront quatre en tout.

Le lendemain, nous les amenons chez le vétérinaire pour savoir à quoi s’en tenir. Le verdict : ce sont deux demoiselles en assez bonne forme et elles ont entre deux et trois mois. Que va-t-on en faire? On se regarde un instant mais nous avons déjà pris la décision plus tôt. Nous les garderons.

Deux vaccins, un traitement antipuces et un vermifuge plus tard, nous les ramenons à la maison en faisant un détour par l’épicerie pour acheter de la moulée pour chiots et du shampoing.

Lorsque les enfants reviennent de l’école, c’est la fête. Isabelle décrète tout de go que ce sont ses « bébés » et qu’elle va s’en occuper.  L’après-midi passe en alternant les sorties pour les besoins et les périodes de repos. Elles dorment beaucoup du moins pendant les premiers jours.

Le traitement antipuce fonctionne à merveille. Tel que promis sur l’emballage, les vilaines bestioles tombent les unes après les autres et le soir venu, plus une seule d’entre-elles ne hantent encore nos deux petites amies.

Luna et Arena - le lendemain de leur arrivéeLe samedi, elles sont baptisées : Luna pour la demoiselle blanche avec le visage séparé en deux (blanc et brun) et Arena (sable en espagnol) pour celle couleur sable que l’on cherche tout le temps car, elle se confond remarquablement bien avec le paysage.

Elles sont amicales. Elles sont joyeuses. Elles ont les yeux verts. Elles sont mignonnes comme tout… et elles doivent apprendre la propreté! 🙂

Après quelques jours, elles reconnaissent leur nom. Arena refuse même de rentrer dans la maison si elle n’a pas terminé de faire ses petites affaires. Nous avons espoir qu’elles seront propres rapidement. Au fil des jours, Isabelle tient parole et se lève 15 minutes plus tôt tous les matins pour sortir et faire manger ses deux petites amies avant de partir pour l’école. Quant à Philou, il apprend à les prendre dans ses bras. Au début, il est craintif. Il n’a pas peur d’être mordu, il ne sait simplement pas comme s’y prendre.  Je lui montre et depuis, même s’il demeure hésitant, il se débrouille très bien.

Voilà donc l’histoire de Luna et Arena du moins jusqu’à maintenant. Pour le moment, en attendant que leur poil repousse et qu’elles « reprennent du poil de la bête » (bien choisi, n’est-ce pas?), elles dorment dans la maison car, les nuits sont encore froides.  Éventuellement, elles coucheront dehors, à la mexicaine.  Le jour, elles s’amusent dans le jardin où nous leur rendons visite régulièrement. Une fois par jour, nous les amenons marcher dans la montagne mais on y va mollo pour le moment. Elles ont toute une pente à remonter.

Maintenant, comme dirait Guy A. Lepage, la question qui tue : mais qu’est-ce qu’on va faire d’elles quand on va revenir au Canada?

Réponse : on va les ramener avec nous bien entendu.

Dans quoi s’est-on lancé?

Réponse : bonne question mais que pouvions-nous faire d’autre?

Un chien passe encore mais deux?

Réponse : en fait, c’est mieux comme ça car, elles s’amusent entre-elles.  Elles s’ennuient moins. Et puis, ce sont deux petits chiens qui ne seront jamais gros. Ça ne prend pas trop de place et ça mange raisonnablement.

Est-ce qu’on va le regretter?

Réponse : nous ne regrettons pas de les avoir pris avec nous. L’un comme l’autre n’aurions pas pu nous résoudre à les laisser mourir dans la montagne.  Il y a des moments comme ceux-là que l’on ne choisit pas. On se retrouve devant une situation où une seule issue semble possible même si jamais on ne l’avait prévu. Les conséquences sont connues donc, on n’agit pas seulement sur un coup de tête. Le mot regret est présent à notre esprit car, nous sommes conscients de ne pas avoir choisi mais il ne nous hante pas.

Je termine en disant que Carlos m’a pris de vitesse en publiant cette aventure sur Facebook où il a reçu de nombreuses félicitations de la part de la gent féminine. 🙂  Le héros est fier de son exploit!